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Le Travail : cours explicité

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Message  Cécile Mar 8 Mar - 19:32

LE TRAVAIL

I. SENS DE LA NOTION

1) ETYMOLOGIE
Travail < tripalium = instrument de torture/ Dans son étymologie, le travail se donne donc comme un synonyme de souffrance, forme de torture que l’on s’inflige à soi-même (tripaliare : torturer).

2) EVOLUTION DE LA NOTION
L’Antiquité méprise le travail, qui consiste pour les Grecs un asservissement à la nécessité, et constitue l’antithèse de l’otium. Le travail devient davantage valorisé avec la conception chrétienne (« Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus » Saint-Paul), mais ce n’est qu’avec Rousseau et surtout Marx qu’il acquiert un véritable statut philosophique. Dans la vision marxiste, le travail a en effet une valeur productive et doit être une référence dans les échanges.

3) DEF : UNE OPERATION DE TRANSFORMATION
Il y a un double sens du mot travail, qui est à la fois une opération de transformation et son résultat. Le travail pris dans le sens peut-être réducteur d’une transformation d’une matière en un autre a des champs de validité multiples, car en ce cas tant les éléments naturels (ex : vent-> érosion) que les végétaux (photosynthèse) que les animaux (abeilles : pollen->miel) que les hommes enfin (travail du bois…) travaillent.

II. SPECIFICITES DU TRAVAIL HUMAIN

1) L’UTILISATION D’OUTILS
DEF : outil = instrument, intermédiaire qui permet de transformer une matière en une autre. Cette utilisation de moyens intermédiaires exclut l’activité des forces naturelles en tant que travail, car la transformation est alors directe, sans intermédiaire.
Par ailleurs, l’utilisation d’outils suppose une conscience, qui choisit ce moyen en vue d’un but, le relie à un but : il y a donc intervention d’un projet.

2) INTERVENTION DE LA PENSEE, ELABORATION D’UN PLAN
Dans Le Capital, Marx distingue deux états du travail :
- l’ « état primordial du travail où il n’a pas encore dépouillé son mode purement instinctif » : instinctif, c’est-à-dire que sa finalité échappe à la conscience.
- « le travail sous une forme qui appartient exclusivement à l’homme », car il y a création d’un plan préalable et l’anticipation d’un résultat. C’est là que se fait la distinction entre activités animale et humaine, similaires dans leur résultat : « Ce qui distingue dès l’abord le plus mauvais architecte de l’abeille la plus experte, c’est qu’il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche ».
Spécificité du travail humain : « Le résultat auquel le travail aboutit préexiste idéalement dans l’imagination du travailleur ». Idéalement, mot qui révèle :
- qu’il y a anticipation du résultat, sous forme conceptuelle, d’idée
- une notion de perfection

3) OBJECTIVISATION DE LA PENSEE
Le travail, en tant qu’activité, constitue un processus de matérialisation de la pensée, et ainsi le travail comme résultat nous renvoie une image de notre imagination et de nos capacités.

III. SI LE TRAVAIL EST EFFORT, PENIBILITE, POURQUOI L’HOMME TRAVAILLE-T-IL ?

1) TENDANCE NATURELLE A L’OISIVETE
Mythe d’un âge d’or, d’un paradis : dans le paradis décrit par la Genèse, Adam et Eve ne travaillent pas, et ce n’est qu’une fois chassés que s’impose à eux la nécessité du labeur : « A force de peines tu en tireras subsistance […], à la sueur de ton visage tu mangeras ton pain » (Genèse, 3, 17-19).
Tendance naturelle à l’oisiveté : le travail se base sur la confrontation à des obstacles dans la matière que l’on souhaite transformer comme dans son propre corps, il est donc source de fatigue, là où vive le dodo.

2) LA RARETE DES BIENS NATURELS OBLIGE L’HOMME A TRAVAILLER
La satisfaction de ses besoins est une chose nécessaire à l’homme, mais qui n’est pas toujours évidente car tout n’est pas immédiatement accessible.

3) LE TRAVAIL SOCIALISE, HUMANISE
Le travail soude les hommes en communauté
Le regroupement des hommes permet de mieux satisfaire leurs besoins, car ils peuvent ainsi se répartir les tâches et ainsi optimiser leurs productions. Le travail est donc fondateur de la société, il a une fonction de socialisation. Il joue par voie de conséquence un rôle dans le reconnaissance sociale de l’individu, ce qui pose problème dans les cas des chômeurs, qui ne s’intègrent plus dans le pricipe de répartition des tâches.
Problème de l’évaluation des biens
Cette répartition des tâches se fonde sur l’échange des biens après leur production, mais ces biens étant de natures différentes, il est nécessaire de déterminer certaines références pour évaluer leur valeur. Le temps de travail ? le coût des matières premières ? Le rapport offre/demande ?
Le travail légitime la propriété privée
Posséder en toute légitimité un produit suppose son achat préalable, c’est-à-dire l’utilisation d’argent, donc l’effectivité d’un travail préalable qui a permis de gagner cet argent. C’est donc indirectement le travail qui légitime la propriété privée, et qui contribue ainsi à stabiliser les rapports humains.

III. LE TRAVAIL : LIBERATION OU ALIENATION ?

A) FACTEUR DE LIBERATION (HEGEL)
Dans le rapport dialectique de maître à esclave défini par Hegel, c’est par le travail que l’esclave s’assure progressivement une domination sur le maître, qui dépend du travail de l’esclave ; ainsi le travail libère le sujet de son asservissement par rapport aux autres. Plus factuellement, on retrouve cette idée dans l’émancipation des enfants, qui passe par l’acquisition de compétences puis d’un emploi via le travail.
Le travail nous libère aussi de notre animalité, car il est, on l’a vu, une activité spécifiquement humaine. Il amène à la réalisation de nos projets et construit ainsi notre humanité en nous faisant progresser en tant que sujet doté d’une conscience et d’une imagination.

B) FACTEUR D’ALIENATION

1) DEFINITION
Aliénation < alienus : étranger. 2 sens possible :
- économique : dépossession d’un bien par donation ou par vente
- psychiatrique : dépossession de sa conscience, raison
- sociopolitique : une distance se crée entre le producteur et ce qu’il produit

2) PROBLEME DU TRAVAIL OUVRIER (MARX)
Dans Manuscrit de 1844, Marx explicite le problème de la « dépossession du travail » : l’ouvrier ne trouve plus dans son travail un moyen d’affirmation de soi, non plus qu’un quelconque bonheur ; le travail « mortifie son corps et ruine son esprit », au lieu de favoriser son développement. Une distance se crée entre l’ouvrier et son travail, « le travail est extérieur à l’ouvrier », car :
-il est « contraint », ne résulte pas d’un choix propre de l’ouvrier
- il n’est de ce fait qu’un « moyen de satisfaire des besoins en dehors du travail »
- le fruit de son travail n’appartient pas à l’ouvrier, qui est lui-même abaisse au rang de marchandises que l’on loue, en quelque sorte

Avec la révolution industrielle, le travail n’est plus un moyen d’épanouissement et de construction de son identité propre ; au contraire, « [l’ouvrier] est lui quand il ne travaille pas et, quand il travaille, il n’est pas lui ». Alors que le travail est supposé assurer l’humanité, ce n’est finalement que dans ce qui ne relève pas du travail (nourriture, procréation…) que l’homme trouve sa « spontanéité », sa liberté de choisir. Ainsi « ce qui est animal devient humain, et ce qui est humain devient animal »

C) DEUX RAPPORTS POSSIBLES AU TRAVAIL

1) NIETZSCHE

a) Le travail, « la meilleure des polices » pour la société
Le travail « entrav[e] puissamment le développement de la raison, des désirs, du goût de l’indépendance », pour trois raisons majeures :
- il est « impersonnel », ne favorise pas la développement de l’individualité
- il « consume une extraordinaire quantité de force nerveuse », épuise les réserves de temps et d’énergie que le sujet pourrait consacrer à son propre développement
-« il présente constamment à la vue un but mesquin et assure des satisfactions faciles et régulières » : il enferme l’individu dans des optiques de court-terme

C’est pourquoi le travail contribue à la sécurité des sociétés, en maintenant ses membres dans une sorte de léthargie collective, et « l’on adore aujourd’hui la sécurité comme la divinité suprême ».

b) Le travail, simple moyen
Nietzsche distingue deux catégories d’hommes :
- « presque tous les habitants des pays de civilisation » : « le travail leur est un moyen, il a cessé d’être un but en lui-même ». C’est la même idée qu’exprimait Marx au sujet des ouvriers : ce n’est plus dans le travail mais via le travail que les hommes trouvent leur épanouissement, par le bénéfice strictement matériel qu’il procure
- « les artistes, les contemplatifs de toute espèce » qui « voient le gain des gains dans le travail même » : le travail est une fin en soi

2) CLASTRES
Pierre Clastres (1934-1977), anthropologue et ethnologue français, compare les sociétés occidentales et d’autres types d’organisations humaines. La « civilisation occidentale », selon Castres, suit deux axiomes (DEF : propositions évidentes tenues pour vraies, mais indémontrées) :
- pas de société sans Etat, lequel se fonde sur trois piliers : armée, police, justice
- impératif du travail comme activité de satisfaction des besoins

A l’opposé, il existe des sociétés que Clastres caractérise comme étant « de refus du trvail ». Non pour des problèmes de capacité ou d’opportunité, mais dans le cadre d’une certaine conception du travail, ces sociétés, n’accordent qu’un temps très réduit au travail. Clastres prend l’exemple des Indiens ou des « chasseurs-nomades du désert Kalahari », qui ne consacrent que 4 heures par jour au travail. Ce type d’ « économie de subsistance » se fonde sur le « refus d’un excès inutile », « la volonté d’accorder l’activité productrice à la satisfaction des besoins ». Le travail n’est donc pas perçu comme asservissant.

CONCLUSION
Le travail n’est en lui-même ni asservissant ni libérateur, l’est ou non la conception et l’usage qu’on en a.
Cécile
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