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L'Inconscient : cours explicité

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Message  Cécile Jeu 11 Nov - 18:05

L’INCONSCIENT

I.QU’EST-CE-QUE L’INCONSCIENT ?

A.DIFFERENTS SENS

1) CONTRADICTION APPARENTE
Il y a un paradoxe dans la notion de phénomènes inconscients, un phénomène (<phaïnomaï : ce qui vient à apparaître) étant par définition relié à la conscience.
En fait, ces phénomènes inconscients existent, et nous en avons conscience grâce à deux éléments :
- les autres, qui nous aident à prendre conscience de ce qui relevait de l’inconscient
- le fait que l’on oublie ; il y a un enfouissement du passé, qui ne peut être toujours présent à l’esprit, mais qui nous revient par à-coups -> les oublis sont des manifestations de l’inconscient.
La contradiction dans la notion de phénomènes inconscients est donc seulement apparente.

2) SENS COMMUN
Un inconscient physiologique : quotidiennement, nous opérons des actions dont nous n’avons pas conscience, mais dont nous pouvons cependant nous rendre compte. Par exemple : la respiration, l’activité cardiaque, qui sont des réflexes commandés par le bulbe rachidien.
Un inconscient dû aux limites de nos sens : il ya des sensations que nous ne pouvons percevoir distinctement, qui sont donc inconscientes, c’est-à-dire étrangère à notre connaissance consciente. Exemples : les ultra-sons, les infrarouges, ou pour reprendre l’exemple de Leibniz, le bruit de chaque gouttelette dans le bruit global de la vague.
Un inconscient psychologique : celui-ci est lié à la faculté d’oubli, qui met des souvenirs en retrait -> dans l’inconscient, mais dont nous pouvons prendre conscience avec un effort d’attention plus ou moins facile.
Une définition possible : l’inconscient, l’un des systèmes de l’appareil psychique, contient des représentations refoulées, c’est-à-dire des productions mentales que la censure, barrage sélectifs engendré par l’éducation, la société et l’expérience, maintient hors du système conscient.

3) « INCONSCIENT » EST-IL LE TERME APPROPRIE ?
De fait, nous avons vu que ce qui était parqué dans l’inconscient, comme les souvenirs, pouvaient être accessibles. On ne parlera donc pas d’INconscient, mais plutôt de SUBconscient -> sous la surface de la conscience, ou de PREconscient -> situé avant la prise de conscience.

4) DEUX TOPIQUES
Dans les années 20, Freud modifie sa théorie. On distingue donc deux topiques :
1900 : dans la 1ère conception freudienne, on distingue le conscient, l’inconscient et le préconscient, c’est-à-dire ce qui est potentiellement accessible à la conscience, au cogito (capacité de réflexion) + Freud considère que la censure a pour rôle de protéger la conscience de souvenirs dérangeants.
1920 : dans sa seconde théorie du psychisme, Freud définit le sujet comme l’unité de trois termes : le Moi (conscience claire), le Ça (inconscient fait de pulsions) et le Surmoi. + Freud considère que le c’est l’inconscient que la censure a pour rôle de protéger.

5) PROBLEME
La conscience nécessite une perception ; par quels moyens de perception ce qui relevait de l’inconscient devient conscient ? Quels signes peuvent manifester l’existence de cet inconscient, qui parfois résiste à l’effort d’attention ?
DEF : un signe est une marque matérielle, figure ou non, qui remplace quelque chose d’absent ou d’impossible à percevoir, et qui sert à rappeler ce quelque chose à l’esprit.
Quels signes, donc ? Et comment être sûr qu’il s’agit bien de signes d’un inconscient ?
Un autre problème se pose aussi : à quoi peut être due cette difficulté que l’on éprouve parfois pour accéder à son inconscient ?

B. LA THEORIE FREUDIENNE

1) L’HISTOIRE DE LA THEORIE FREUDIENNE, LES PREMIERES HYPOTHESES
Freud est né en Autriche en 1856. Juif, il devra fuir les persécutions nazies à Paris, puis à Londres où il mourra en 1939.

1876-1882 : Freud, élève brillant en études de médecine, s’est spécialisé dans la neurologie (étude du cerveau). Il travaille dans le laboratoire de Brücke, aux théories rigoureusement physiologiques, où il étudie en tant qu’interne le fonctionnement du système nerveux central et du bulbe rachidien.

Freud entend parler du professeur Charcot, qui donne à l’hôpital de la Salpêtrière à Paris des cours sur l’origine des maladies nerveuses. Celles-ci se manifestent par des crises de désordre corporel, que Charcot nomme « hystérie ». C’est donc le corps qui est affecté, par des réactions cutanées, physiologiques ; mais ce dysfonctionnement corporel ne peut être expliqué par des causes corporelles = somatiques (<soma : le corps). Il faut donc en étudier l’éthiologie (<aitios : cause).

1885 : le jeune étudiant autrichien obtient une bourse et part à Paris, où il suit les cours de Charcot. Il se sensibilise à la thèse de Charcot, qui veut que toutes ces maladies aient une origine unique, et à sa méthode (Charcot pratique la suggestion hypnotique). Freud retourne ensuite en Autriche.

1889 : il part à Nancy, et rencontre un médecin, Bernheim, qui soigne plutôt efficacement ces maladies nerveuses en utilisant l’hypnose. Freud dit dans son livre Ma vie et la psychanalyse : « Je fus témoin des étonnantes expériences de Bernheim sur ses malades d’hôpital, et c’est là que je reçus les plus fortes impressions relatives à la possibilité de puissants processus psychiques demeurés cependant cachés à la conscience des hommes. »

Freud note 4 éléments, qui l’amènent à se poser 4 questions :
- L’évocation d’un lointain passé qui revient toujours dans les discours des patients sous hypnose
->Que se passe-t-il dans l’enfance pour le passé soit actif et provoque des troubles si longtemps après ?
- Une connotation sexuelle* qui est toujours présente dans les propos des patients sous hypnose
->Y-a-il une sexualité infantile ?
- la diminution voire la disparition des symptômes que présentaient les patients avant l’hypnose
->Qu’est-ce-qui, dans l’hypnose, soulage et soigne ? La puissance de la parole ? Une purification, sorte de catharsis qui s’opérerait par l’expression des souvenirs ?
- le refus des patients auxquels on communique la teneur de leurs propres sous hypnose, ils ne l’acceptent pas, n’assument pas et ne s’en souviennent même pas.
->Y aurait-il une résistance interne, inconsciente, aux contenus de ces propos et à leur retour ?

Freud revient ainsi de Nancy avec de nombreuses et problématiques questions. En homme de science (c’est un médecin et non un philosophe), il va partir de faits, en rendre compte, et chercher à trouver des causes rationnelles dont il admet l’existence. Il mène en parallèle de ce travail d’enquête et d’analyse un travail d’écriture, qui amène à la théorisation de son analyse.

*le mot sexuel est à prendre au sens large -> tout ce qui se rapporte à la satisfaction de besoins essentiels (selon Freud, les enfants sont des « pervers polymorphes »)

2) L’EXISTENCE DE PHENOMENES INCONSCIENTS PROUVEE PAR DES SIGNES
Pour Freud, les symptômes (<affaissement, défaillance en grec) des patients atteints d’une maladie nerveuse sont des signes, qui traduisent une cause rationnelle, ici psychique. Il croit en effet en un déterminisme psychologique, niant ainsi l’intervention du hasard ou du Diable.
DEF : le déterminisme est un système de pensée, une doctrine, selon laquelle tout est lié par des rapports de cause à effet ; tout ce qui est est déterminé à être par une cause antérieure.
NB : Le destin, quoique lui aussi niant l’existence du hasard, est cependant à distinguer du déterminisme. En effet, le principe du destin se fonde plutôt sur l’existence d’une cause finale postérieure que sur celle de causes antérieures. En outre, là où le destin croit en une causalité régie par une puissance supérieure inaccessible à l’intelligence humaine, le déterminisme traite de causes accessible à la raison humaine.

->Pour Freud, quels sont ces signes ?
Tous les actes manqués : oublis de noms propres notamment, perte d’objet, lapsus… Freud les explique par « un enchainement d’idées inconscientes » qui constituent un « complexe perturbateur » (Psychopathologie de la vie quotidienne) : il croit donc en un déterminisme psychologique de ces actes manqués. Exemples de Ben Hur et de l’ «étudiant en gauche ».
Ces signes, pour Freud, « expriment des pulsions et des intentions que l’on veut cacher à sa propre conscience » (ce sont des symptômes) et« prouvent l’existence du refoulement et des substituts » (ont une valeur théorique) (5 leçons sur la psychanalyse)

3) CES SIGNES RECOUVRENT DES PULSIONS
Un signe peut être décomposé en deux éléments :
- le signifiant, qui est le support matériel du signe (son ou figuré)
- le signifié, c’est-à-dire ce à quoi renvoie le signifiant
Pour Freud, ces signifiés sont des pulsions, c’est-à-dire des énergies, liées à quelque chose de vivant. Et cette pulsion, selon Lacan, se décompose en un besoin et une demande.

Gérard Miller (né en 1948) donne une définition du besoin : « C’est un objet à la fois particulier, non substituable (à celui qui a sommeil, on ne peut proposer de boire pour le satisfaire) mais aussi indifférencié (à celui qui a soif, on peut proposer de l’eau ou du jus d’orange » (Lacan) : le besoin renvoie à quelque chose d’essentiel, à satisfaire.
La demande, qui est « la formulation du besoin » selon Miller, « introduit une autre dimension, où ce qui importe ce n’est pas ce qu’on donne, ce n’est plus l’objet, mais qui le donne ». Rentre ainsi en ligne de compte une demande d’amour, qui n’est ni matériel, ni quantifiable, ni clairement identifiable. Aussi va-t-il se créer une sorte d’éternel manque, ou d’éternelle insatisfaction, qui crée le désir.
Ainsi, la formulation du besoin en demande chez l’humain crée le désir.

4) DES PULSIONS REFOULEES PAR UNE CONSCIENCE MORALE
Ces pulsions, la conscience va leur opposer une sorte de barrière morale : elles sont refoulées. Cette théorie de refoulement est fondée sur les techniques de la psychanalyse, qui permettent de surmonter ces barrières morales, dit Freud dans L’interprétation des rêves : « Ce qui rend cette théorie irréfutable, c’est qu’elle a trouvé dans la technique psychanalytique un moyen qui permet de vaincre la force d’opposition et d’amener à la conscience ces représentations inconscientes ».
DEF : le refoulement est une opération qui repousse dans l’inconscient des représentations liées à des pulsions dont la satisfaction serait incompatible avec des exigences morales.
In fine, « notre notion de l’inconscient se trouve déduite de la théorie du refoulement », dit Freud : l’inconscient se constitue de tout ce qui est refoulé.
->Comment s’établit cette censure inconsciente ?
->Comment une censure, par définition consciente, peut-elle être inconsciente ?
Freud va chercher des réponses dans l’histoire de l’enfant, où il détermine des constantes.

C. HISTOIRE DE L’ENFANT

1) L’ENFANT NAIT PREMATURE
Contrairement à la majorité des animaux (tel le poulain qui peut se tenir sur ses jambes quelques heures après sa naissance), l’enfant ne naît pas fini physiologiquement. Il souffre d’une incoordination motrice, liée au développement tardif de son névraxe (ensemble moelle épinière-cerveau) qui prendra encore 6 mois après sa naissance. Il est ainsi, d’entrée de jeu, dépendant physiquement de ses géniteurs, d’autant plus que le monde, auquel il n’est pas encore adapté, lui paraît particulièrement hostile.
En outre, on a vu que l’homme formulait ses besoins via une demande qui nécessite le plus souvent l’usage de la parole : la faiblesse et donc la dépendance de l’enfant qui ne sait pas encore parler s’en trouvent par conséquent accrues.

2) L’HISTOIRE DES PULSIONS

LE STADE ORAL : NAISSANCE DE L’AUTO-EROTISME
Jusqu’à environ 1 an, l’activité essentielle de l’enfant se situe autour de la bouche, notamment avec la tété, que Freud décrit comme un acte sexuel. Mais cette sexualité ne comporte pas encore d’altérité, n’est pas en rapport avec autrui. En effet, l’enfant n’a pas encore conscience de son individualité, il se conçoit plutôt comme une sorte d’appendice externe de la femme, dans la continuité de la fusion qui a été la leur pendant 9 mois. Aussi parle-t-on d’auto-érotisme.
Mais arrive, nécessaire, l’heure du sevrage, car l’enfant n’a plus les enzymes ad hoc pour digérer le lait maternel et a besoin de denrées plus riches pour son développement. C’est la fin de la tété ; une distance s’instaure entre l’enfant, assis sur la chaise, une cuillère en métal dur coincée dans la bouche, et la mère. De son point de vue, l’enfant subit une véritable perte du plaisir.
En outre, son alimentation devenant plus dense, son contenu intestinal se modifie ; l’enfant doit apprendre à le maîtriser.

LE STADE ANAL : EXPERIENCE DE L’ECHANGE
Entre 1 et 3 ans, l’enfant va expérimenter pour la première fois le rapport à autrui, car il lui est expressément demandé de maîtriser son contenu intestinal, donc à se priver d’un certain plaisir. En effet, cette prise d’autonomie le prive de moments précieux de contact proches avec les autres, où l’on s’occupe de lui.
Comme ces fonctions intestinales ne sont pas des fonction-réflexes, automatiques, mais commandées par la volonté, c’est à l’enfant d’apprendre à les maîtriser. Il expérimente ainsi un pouvoir, celui d’accéder ou non à la demande d’autrui. Le choix qu’il fera dépendra de sa relation aux demandeurs, est donc lié à la psychologie : l’enfant obtempérera ou non pour faire plaisir ou pour ne pas faire plaisir.
Mais quoique l’enfant connaisse ainsi une forme de pouvoir, ce sont finalement les parents qui le dominent. Il expérimente donc une certaine forme de rapport à autrui, plutôt primitive : dominer ou être dominé.
L’enfant va ainsi rentrer dans la phase de sadisme anal, où il expérimente à son tour un pouvoir de domination sur d’autres êtres plus faibles, comme des petits animaux, des poupées…

LE STADE GENITAL : DECOUVERTE DE LA DIFFERENCE DES SEXES
Jusqu’à l’âge de 3 ans ½ environ, l’enfant estime que tous les autres enfants sont constitués comme lui. Il va prendre conscience que ce n’est pas le cas ; certains sont dotés d’un petit plus entre les jambes, d’autres non. Cette prise de conscience d’une différence qui n’a pas pour l’enfant d’explication scientifique amène à un questionnement. Pour chasser l’angoisse du doute, il va chercher des causes à cette différence, quitte à s’inventer des explications imaginaires. Etant donné qu’à cette époque l’enfant attribue une puissance quasi magique aux adultes, il va supposer que ce sont eux qui donnent ou non ce petit plus. Ce qui amène à différentes réactions selon le sexe :
- les filles vont attendre que ce petit plus leur soit attribué, ce qui peut amener à une certaine agressivité si rien n’arrive, ce qui est le cas le plus souvent. Lorsqu’elles comprennent que rien ne leur sera donné, elles naissent à la féminité, et comblent ce manque par de petites parures, et tentent également de compenser ce qu’elles peuvent percevoir comme une infériorité par l’apprentissage plus précoce du langage.
- les garçons, quant à eux, vont connaître selon Freud une véritable angoisse de castration ; si les adultes m’ont donné ce petit plus, ils peuvent aussi me l’enlever !
Pour combler cette angoisse ou cette attente, les enfants vont s’identifier à l’un de leurs parents, car ils recherchent un modèle, une figure de puissance susceptible de les protéger. Cette identification amène à une idéalisation, qui elle-même crée une tendresse forte pour l’un des parents. L’enfant va donc rentrer en conflit avec l’autre : c’est le complexe d’Œdipe.

LE STADE ŒDIPIEN

Généralité
Entre 3 ans ½ et 6 ans à peu près, l’enfant entre dans un processus d’idéalisation de l’un de ses parents, généralement de sexe opposé, qui amène logiquement à un processus de rivalité par rapport à l’autre de ses parents. La fille va ainsi éprouver une sorte d’amour exclusif pour son père, et le garçon pour sa mère ; ces amours seraient des réactions à l’amour sexuel inhibé des parents, selon Freud.
On aboutit ainsi à au triangle œdipien.
On parle de complexe, parce que la rivalité que la fille éprouve par rapport à sa mère, rivalité qui peut se transformer en une sorte de haine inconsciente, entre en contradiction avec le processus d’idéalisation attaché à sa génitrice : c’est ce conflit interne qui constitue le complexe d’Œdipe.
Freud indique : « Le complexe ainsi formé est condamné à un refoulement rapide ; mais, du fond de l’inconscient, il exerce encore une action importante et durable » (5 leçons sur la psychanalyse)

Le mythe d’Œdipe
Œdipe, fils de Laïos et Jocaste, naît prince de Thèbes ; ses parents consultent un oracle qui leur révèle que le nouveau-né tuera son père et épousera sa mère. Pour éviter ce drame, Laïos et Jocaste décident d’abandonner leur enfant, qu’ils attachent à un arbre par les pieds (qui furent percés d’une lanière -> Œdipe<pieds blessés). Recueillis par des bergers, l’enfant est ensuite élevé par le seigneur local. Mais Œdipe entend à son tour l’oracle, et préfère fuir plutôt que de causer pareil tort à ceux qu’il croit être son père et sa mère. Sa fuite le conduit vers Thèbes ; en chemin, il croise un étranger qui lui barre le chemin, et il le tue malencontreusement. C’était son père… Un fois à Thèbes, il parvient à résoudre l’énigme du Sphinx, créature mythique qui terrorisait la ville ; à qui accomplirait cet exploit, Laïos avait promis son royaume et la main de la reine. Ainsi, Œdipe devient roi de Thèbes et épouse Jocaste, sa mère, dont il a quatre enfants. Mais par la suite, Thèbes se trouve frappée par la peste, et les oracles révèlent la vérité à Œdipe qui se crèvera les yeux avec une épingle de sa mère, tandis que Jocaste se pendra.
Freud tire deux conclusions de ce mythe, dont il adoptera le nom pour sa théorie :
- l’issue finalement tragique de l’acte incestueux
- le fait qu’Oedipe agisse sans le savoir, inconsciemment.

Des cas particuliers
- Si le père fait sentir à sa fille que sa mère ne compte pas, la fille peut potentiellement prendre dans son esprit la place de sa mère et devenir ainsi la femme de son père (on parle d’inceste subjectif)
- S’il n’y a personne pour jouer le rôle de la mère, le rapport qu’entretient le père avec sa fille est primordial : s’il lui fait comprendre qu’il la considère comme une petite fille, qu’elle n’est pas l’unique objet de son amour, elle pourra entrer en rivalité avec ces autres qui méritent l’amour de son père.
- l’homosexualité pourrait trouver son origine à ce moment-là de l’enfance. L’angoisse de castration conduit l’enfant à la recherche d’une figure de puissance pour le protéger. Si un petit garçon trouve cette figure de puissance chez la mère et non chez le père, surtout si celui-ci est dévalué par celle-là, un renversement s’opère, qui peut amener à l’homosexualité. En effet, l’enfant est à ce âge pratiquement androgyne ; si la personne qui incarne pour lui la puissance, dans ce cas la mère pour le garçon, flatte ses caractéristiques féminines plutôt que masculines, il se féminise.
Finalement, tout dépend du rapport que l’enfant entretient avec ses parents, mais aussi du rapport des parents entre eux.

LE DECLIN DE L’ŒDIPE
L’amour exclusif de l’enfant se heurte à la loi intransgressible de l’inceste, qui ne peut être contournée ou modifiée par la séduction. Ainsi, pour la première fois, l’enfant se trouve confronté à une loi impérieuse, et doit renoncer à la satisfaction de son désir : c’est l’issue positive.
On parle d’Œdipe négatif sir ce renoncement est difficile ou évitable pour l’enfant : il court un danger de non-socialisation par la suite, s’il n’a pas su ou pu se plier à cette première loi impérieuse.
Outre le renoncement, l’issue positive de l’Œdipe amène à un oubli de ce désir ; il y a intervention du refoulement. Le processus d’identification peut alors prendre le pas.

Nous nous demandions comment le passé pouvait encore avoir une activité dans le présent ; par ce désir, répond Freud. Ce désir, c’est-à-dire cette énergie, qui cherche toujours satisfaction. Et cette incapacité qu’avaient les patients de Bernheim à se remémorer les souvenirs qu’ils avaient évoqués sous hypnose est liée à une résistance, qui se fonde sur ce désir inassouvi.
Freud nomme cette instance de résistance l’ «überich », ou surmoi.
DEF : le surmoi est une instance interne de refoulement mise en place à la fin de l’œdipe pour refreiner le désir et s’auto-punir. C’est un obstacle dynamique, qui se nourrit et est la conséquence de l’intériorisation des interdits parentaux, eux-mêmes transmetteurs des interdits sociaux.
« Le surmoi de l’enfant […] se forme à l’image du surmoi [des parents] ; il s’emplit du même contenu et devient le représentant de la tradition, de tous les jugements de valeur qui subsistent ainsi à travers les générations » (Nouvelles conférences) : Freud considère l’enfant comme entièrement façonné par son éducation.
Ce surmoi, que ne peut dominer la conscience, la bloque, de même que les souvenirs non-conformes à la morale : quand on s’approche trop du noyau perturbateur, le surmoi peut même envoyer des souvenirs écran pour éviter la remémoration.

ESQUISSE DE SOLUTIONS
Ainsi, pour combattre ces pulsions qui génèrent de l’angoisse, un sentiment de culpabilité du fait de l’interdit de l’inceste, le surmoi se met en place et amène à un refoulement et une auto-punition, considéré comme libératrice.
Mais le désir incestueux reste préservé derrière cette barrière du surmoi. Son intensité va même en s’accroissant, comme pour tout désir contenu. Il faut donc trouver des substituts à sa satisfaction.

D. L’INCONSCIENT CHEZ L’ADULTE

1) VERS L’AGE ADULTE

Période de latence (2ème enfance)
Entre 6-7 ans, âge approximatif où survient le déclin de l’Œdipe, et 12-14 ans, l’enfant connaît une période calme, pendant laquelle, graduellement, son corps se transforme et tend vers l’adulte biologique.

Puberté et adolescence
Autour de 12-14 ans, la puberté est une période-clé. Le désir inconscient se trouve ré-activé du fait de la transformation du corps et notamment des parties génitales, qui amène à une préoccupation par rapport à la sexualité et à une recherche du plaisir. Ainsi, le désir refoulé repart à l’assaut des barrières du surmoi, lequel doit adopter des stratégies de défenses efficientes.
Par ailleurs, notons que c’est à cet âge que s’opère l’orientation décisive de la sexualité : l’adolescent constate son attirance pour tel ou tel sexe.

2) L’ORGANISATION DES DEFENSES

DEFENSES REUSSIES POSITIVES : SATISFACTION DE LA PULSION VIA SA TRANSFORMATION
Dans ce cas de figure, il va y avoir contre-investissement quant à l’objet de la pulsion. Pour formuler cela plus clairement : le but initial du désir incestueux étant inacceptable par rapport aux exigences de la morale, mais cette énergie du désir devant être malgré tout utilisée, tant dans l’intérêt du surmoi que pour l’équilibre même du sujet, qui est animé par ce désir, ce désir va être réorienté, investi dans un autre but. On parle de sublimation.
DEF : la sublimation est une opération mentale qui consiste à canaliser l’énergie du désir refoulé vers un autre but que celui initial, socialement plus acceptable et conforme à la morale, ce qui permet au sujet de développé ses capacités.
Selon une définition équivalente de Freud, « la sublimation est le processus qui […] consiste en ce que la pulsion se dirige vers un autre but, éloigné de la satisfaction sexuelle. » (Essais de Psychanalyse)
Cette énergie du désir sera donc mise au service d’autre chose. Le nouvel objet du désir est déterminant : quel qu’il soit (scolaire, art, sport, relations amoureuses…), c’est dans ce domaine que le sujet réussira et sera heureux, d’autant que ces réussites seront pour lui valorisantes.
Autre moyen d’action de ces défenses réussies positives : le sujet va s’identifier à des figures qui lui serviront de modèles ou de repoussoirs, et qui aideront à son développement, parents ou idoles.

DEFENSES REUSSIES NEGATIVES : SATISFACTION DE LA PULSION VIA SON DEGUISEMENT

Généralités
Dans ce cas de figure, le surmoi tient, mais le désir parvient néanmoins à se « faufiler », sous une forme déguisé. Il importe en effet de combler la frustration engendrée par la non-satisfaction du désir incestueux. Dans les cas graves, cet état des choses peut prendre deux formes :
-l’inhibition : l’individu, complexé, souffre d’une incapacité à se démontrer et se replie sur lui-même.
- l’exhibition : le sujet souffre d’une difficulté à adapter son comportement aux normes sociales, il cherche à créer des réactions par des comportements provocateurs.
D’une façon plus générale, nous sommes tous affectés par ce déguisement de nos désirs, qui vont s’exprimer tout particulièrement dans le rêve.

Le rêve : une voie royale vers l’inconscient
La nature du rêve
Pendant notre sommeil, l’activité de la conscience est à la baisse ; le désir va en profiter pour se satisfaire, mais comme le surmoi reste attentif, ce désir est obligé de se déguiser.
Freud va donc distinguer deux contenus dans le rêve :
- le contenu manifeste : c’est le récit du rêve, ce dont le sujet se souviendra au réveil. Freud le définit ainsi: « Le contenu manifeste du rêve est le substitut altéré des idées oniriques latentes »
- le contenu latent : il correspond au sens que les éléments oniriques ont par rapport à l’inconscient, et est associé à un désir refoulé et indicible « honnêtement », clairement, sans déguisement.
Que l’on n’ait conscience que de ce contenu manifeste rend difficile la compréhension du rêve ; mais, dit Freud :: « Si le rêve est obscur, c’est par nécessité et pour ne pas trahir certaines idées latentes que ma conscience désapprouve ».
Le « travail de rêve »
Freud appelle « travail de rêve » (Le rêve et son interprétation) l’opération de déguisement qui permet de passer du contenu latent au contenu manifeste, et qui s’effectue selon deux processus :
- la « condensation » : le contenu latent recèle bien plus de souvenirs que le contenu manifeste, qui a « compressé » les informations.
- le « déplacement » : autre l’usage fréquent de la substitution d’une image à la place d’une autre, on assiste dans le contenu manifeste à une inversion du principal en secondaire par rapport au contenu latent. Freud parle de « transport de l’accent psychique ». Il dit encore : « Ce que le rêve développait amplement comme pour en faire l’essentiel de son contenu, c’est cela justement qui, après l’analyse et dans les idées latentes, va jouer un rôle tout à fait secondaire ; et au contraire, l’allusion à peine perceptible, […] c’est elle qui parmi les idées latentes va revendiquer le premier rôle. »
Tout le rôle du psychanalyste sera d’opérer le cheminement inverse de ce « travail de rêve », en aidant le patient à se remémorer les souvenirs associés au contenu latent.
Le rôle du rêve
Pour Freud, « le rêve est le gardien du sommeil » : en effet, dès lors que le déguisement du désir n’est pas suffisant, le sujet est réveillé par sa conscience. C’est donc grâce au déguisement propre au rêve que l’on peut tout à la fois dormir paisiblement et satisfaire indirectement ses pulsions.
Son interprétation par Lacan
Selon Lacan (1901-1981), psychanalyste français, l’inconscient a une structure analogue à celle du langage. Dans le cas du rêve, il existe selon lui une similitude entre les deux formes de « travail de rêve » et des procédés rhétoriques : condensation -> métonymie, déplacement -> métaphore.


DEFENSES NON REUSSIES POSITIVES : LES NEVROSES
A l’origine de cette maladie mentale, on trouve un surmoi trop fort. Les interdits parentaux ont été intégrés de façon très puissante, si bien toute forme ou presque de désir est refoulée par le surmoi, et que le sujet se soumet à une autopunition plus ou moins inconsciente, par le biais de blessures qu’il s’inflige, d’échecs. La satisfaction de ses désirs étant impossible dans le présent, vivant une véritable privation, le sujet va se tourner vers le passé. Il va se replacer dans des situations infantiles où il pense trouver moins d’obstacle à une certaine forme de jouissance, via des comportements infantiles, la recherche de relation dominant/dominé… Cette quête peut être assimilée à une régression que refuse le surmoi. Le névrosé se trouve alors bloqué entre sa privation et son impossible régression, rentre en conflit avec le surmoi, ce qui peut mener à un accident névrotique.
Les névroses peuvent prendre différentes formes, hystérie (traumatisme du corps), obsession, phobies…

DEFENSES NON REUSSIES NEGATIVES : LES PSYCHOSES
Dans ce cas de figure, un surmoi trop faible amène à un refus du réel tel qu’il est. Les désirs n’étant pas refoulés, le sujet a un rapport complexe et anarchique au réel, car c’est notre surmoi qui norme notre rapport au réel en fixant les interdits. Un individu souffrant de psychose aura donc, outre une relation délicate avec autrui, une importante difficulté à distinguer le réel de l’imaginaire.
Les psychoses peuvent aussi prendre différentes formes, paranoïa, schizophrénie, toujours avec l’existence d’un délire.

En guise de conclusion, une comparaison pour le moins audacieuse, mais éclairante
L’inconscient peut être comparé à une sorte de cocotte minute, dont le couvercle serait le surmoi qui retient la pression du désir. Pression qui cependant demeure, et même s’accroît, car le feu sous la cocotte, la vie, le fait augmenter. Une soupape de sécurité est donc nécessaire, par le biais du rêve, de la sublimation, des dérèglements de comportements parfois. Le véritable problème se pose dans le tarage du ressort, trop dur ou trop faible.

E. VUE SOMMAIRE DE LA THERAPEUTIQUE

1) PRINCIPE DE LA CURE
En psychologique, la maladie est constituée par ses symptômes mêmes, troubles, délires, comportements anormaux, qu’il s’agit de faire disparaître pour retrouver l’équilibre. Guérir consistera donc d’abord à rendre consciente la pulsion inconsciente, particulièrement par le biais de la parole qui permet de formuler à l’aide de signes, le langage, les souvenirs inconscients.

2) METHODE

Les failles de l’hypnose
A Nancy, chez Bernheim, Freud a observé les résultats de l’hypnose : celle-ci soulage, voire fait disparaître les symptômes, mais de façon momentanée. Elle est parfois même complètement inopérante. Cette méthode recèle en effet une faille : si le patient reformule bien ses souvenirs inconscients par le langage, il reste inconscient des propos qu’il tient, puisqu’il dort ; c’est le médecin qui les lui révèle, et ces révélations se heurtent parfois à un refus d’acceptation. Ainsi, dans une certaine mesure, l’inconscient reste inconscient, car le travail de remémoration n’est pas conscient, pas maîtrisé de la part du patient, pas analytique.

La méthode freudienne
C’est la talking cure : l’analyste fait parler ses patients de choses et d’autres, car le langage est son unique matériau. Il leur demande notamment de raconter leurs rêves, de sorte à avoir une prise sur l’inconscient. L’analysant (le patient) est ainsi actif, il contribue au travail d’analyse, par l’association libre des mots. L’analyste, quant à lui, montre une attention flottante : il attends un acte manqué dans le discours, un lapsus, ou bien une défaillance dans les souvenirs évoqués, qui lui permettraient là encore de prendre prise sur l’inconscient. Le but est que l’analysant, accompagné de l’analyste, puisse remonter graduellement jusqu’aux souvenirs inconscients à l’origine de ses troubles, en maîtrisant le processus de remémoration.

La relation analyste/analysant
Josef Breuer (1842-1925), physiologiste autrichien et collègue de Freud, découvrit un jour que l’une de ses patientes était tombé amoureuse de lui. Freud et lui formulèrent cette hypothèse : l’affection de cette patiente pouvait être un sentiment artificiel. Elle, ou il, car l’hypothèse est applicable à tous les analysants, projetterait sur le médecin la figure d’un personnage capital de son passé, revivant ainsi avec son psychanalyste la relation qu’elle/il a vécu plus ou moins consciemment avec cette autre personne. Il s’opère donc une sorte de transfert d’un désir inconscient sur la personne de l’analyste, qui peut aider à l’analyse en actualisant ainsi le passé ou bien au contraire bloquer toute coopération analyste/analysant.
La méthode freudienne ne consiste donc pas qu’en la remémoration des souvenirs, vise à faire revivre les scènes traumatiques par la parole, avec la même intensité émotionnelle, conduisant à une sorte de catharsis.

3) UN SOLUTION A TROUVER
Le but de toute cure psychanalytique est de faire recouvrir au patient son équilibre psychique, et de réinstaurer un surmoi qui ne soit ni trop fort ni trop faible. Il s’agit de l’aider à atteindre la sublimation, de réorienter ses désirs vers un autre but plus accessible.

F. STATUT EPISTEMOLOGIQUE DE L’INCONSCIENT FREUDIEN

L’épistémologie, discipline de la philosophique, est l’étude de la connaissance.
->Quel est l’intérêt de la théorie freudienne de l’inconscient en philosophie ?

1) UNE HYPOTHESE NECESSAIRE ET LEGITIME
Dans Métapsychologie, Freud affirme que « l’hypothèse de l’inconscient est nécessaire et légitime ». Décortiquons cette expression et l’argumentation sur laquelle elle s’appuie.

Une hypothèse…
Hypothèse < hypo (sous) + thèse (poser) en grec -> sub + poser en latin -> supposer.
Une hypothèse est donc une supposition, et non une certitude prouvée, ce que revendique Freud. L’hypothèse freudienne a la même valeur que celles scientifiques, car elle est rationnelle, fondée en raison par des rapports de cause à effet. Freud a cherché des causes rationnelles à des phénomènes, en appliquant le processus de découverte de réalités naturelles prôné dans les sciences expérimentales : observation, élaboration d’une hypothèse, vérification. Il est donc en droit d’utiliser le terme scientifique d’hypothèse.
Remarquons l’originalité de la démarche freudienne : le médecin autrichien a étendu le champ de la raison au domaine psychique, conçu généralement comme parfaitement irrationnel ; il propose une prise rationnelle sur cette réalité complexe, en traitant des phénomènes humains comme des faits objectifs, régis par des lois et des liens de cause à effet qu’il suffit de déterminer.

…. nécessaire…
Attardons nous sur le sens de cet adjectif : « nécessaire » a deux sens :
- ce qui ne peut être autrement qu’il n’est, en vertu de règles impérieuses
- ce dont on ne peut se passer (dans un sens plus commun)
C’est précisément le nécessaire de CONTINGENT : qui peut être autrement qu’il est.
Freud argue donc que l’on ne peut se passer de cette hypothèse de l’inconscient et du refoulement pour expliquer les pathologies mentales. Son argument est le suivant : « [L’hypothèse de l’inconscient] est nécessaire, parce que les données de la conscience sont extrêmement lacunaires », insuffisantes ; les efforts d’attentions ou l’introspection ne suffisent pas à tout expliquer.

… et légitime.
Légitime < lex, legis : la loi : est légitime ce qui est conforme à une règle, à une loi, et qui est donc en droit d’exister. Argument de Freud : la conscience ne permet pas de percevoir tous les éléments psychiques présents en nous, puisque nous oublions, nous avons des idées soudaines (Freud parle d’ « idées qui nous viennent sans que nous en connaissions l’origine »). Dans cette mesure, l’hypothèse de l’inconscient est légitime. En effet, elle peut expliquer ces « actes conscients », dit Freud, qui « demeurent incohérents et incompréhensibles si nous nous obstinons à prétendre qu’il faut bien percevoir par la conscience tout ce qui se passe en nous en faits d’actes psychiques » mais qui « s’ordonnent dans un ensemble dont on peut montrer la cohérence, si nous interpolons les actes inconscients inférés ».
Freud avance aussi un autre argument : « nous pouvons fonder sur l’hypothèse de l’inconscient une pratique couronnée de succès ». il argue donc que son hypothèse est vérifiée, ce qui devrait suffire à la légitimer. Mais dans quelle mesure cette vérification est-elle complète ?

Une vérification incomplète de l’hypothèse freudienne
L’hypothèse de l’inconscient, basée sur celle du refoulement, est au moins partiellement vérifiée, puisque Freud obtient des résultats avec ses patients. Il en donne quelques exemples dans Les 5 Psychanalyses, où pour 4 des 5 cas évoqués, il obtient des résultats positifs.
Mais elle ne l’est pas entièrement, car ces constantes que relèvent Freud ne s’appliquent pas à tous. Les hommes, en effet, ne sont pas des phénomènes naturels aux causes figées, mais des êtres singuliers. Chaque enfant aura une réaction différente au complexe d’Œdipe, si l’on admet son existence, et ainsi chaque individu a une représentation subjective et surtout personnelle de la réalité.

La psychologie peut-elle être considérée comme une science ?
La psychologie est une science dans son esprit et dans ses méthodes, mais pas tout à fait dans ses résultats ; ce n’est donc pas une science absolument exacte.
Une science dans son esprit : la psychologie telle que la conçoit Freud se base en effet sur la croyance en un déterminisme des choses, qui toutes sont liées par des rapports de cause à effets. Freud ne croit pas au hasard, il recherche des causes rationnelles aux phénomènes psychiques.
Une science dans ses méthodes : Freud suit en effet le processus des sciences expérimentales :
- observation : modèle de discipline, Freud prend en compte les faits, de façon rigoureuse
- élaboration d’une hypothèse : celle du refoulement et de l’inconscient
- vérification dans le réel, on sort du domaine abstrait : effectivement, cela soulage les patients
Pas une science dans ses résultats : comme vu plus haut, la méthode freudienne ne soulage pas tout le monde, ou pas de la même façon. Elle est aussi parfois insuffisante ; on ne sait toujours pas comment traiter les psychoses sans avoir recours aux médicaments.

2) CRITIQUE DE CETTE THEORIE DANS L’ESPACE PHILOSOPHIQUE

L’OPINION DE SARTRE
Sartre est un philosophe de la liberté : il croit en la liberté humaine. Or, la théorie de l’inconscient limite cette liberté, puisqu’elle implique que l’action humaine soit influencée par des mécanismes inconscients, que l’homme ne maîtrise pas. La conscience ne serait donc qu’un effet de surface, au pouvoir milité. C’est pourquoi, dans L’être et le néant, Sartre refuse la théorie freudienne et la soumet à une série de critiques.

La conscience connaît ce qu’elle refoule : Sartre base sa critique sur une faiblesse de la théorie freudienne ; la nature de la censure inconsciente. Censurer, c’est empêcher quelque chose en se basant sur des lois, des critères. Cela implique une activité consciente. Notre inconscient serait-donc conscient ? C’est absurde, dit Sartre.
La mauvaise foi : Sartre propose ensuite une autre explication, qui rend inutile la théorie de l’inconscient à ses yeux. Il explique qu’il existe une duplicité de la conscience, qui va volontairement se dissimuler à elle-même le vrai, et se laisse prendre à son propre mensonge : il sauvegarde ainsi la libre souveraineté de la conscience. Il prend l’exemple d’un homosexuel qui se convainc de son hétérosexualité, quoique les faits prouvent le contraire.
Une définition du sujet : Sartre définit le sujet comme un tout composé d’une facticité et d’une transcendance. Le sujet est ainsi ce qu’il a fait, et ce qu’il peut devenir. Cette définition prend en compte l’ensemble des actes passés du sujet (facticité), mais aussi sa faculté à se transformer, à inventer des possibles, à faire des projets (transcendance).

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Message  Elian Jeu 11 Nov - 18:08

Alléluia
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Message  Cécile Jeu 11 Nov - 18:10

HIIIHAAA !! Bien tard certes, mais enfin, voici l'explication du cours sur l'inconscient. J'ai par endroits modifié le plan du prof, et également pioché des éléments qui me paraissaient importants dans un abrégé de philosophie qui a été fait par Jacqueline Russ l'auteur de notre bouquin, qui doit donc être fiable. Voilou, le cours n'étant pas achevé, mon explicitation ne l'est pas non plus, mais je re-posterai !!

Des bisous, good luck à tous pour cette semaine trépidante !!! Very Happy
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Message  Cécile Lun 29 Nov - 21:30

II. CONSEQUENCES

A. AFFAIBLISSEMENT DE LA NOTION DE CONSCIENCE

Avec Freud, le sujet est désormais divisé entre conscience et inconscient, et une hiérarchie se crée : « pour bien comprendre la vie psychique, il est indispensable de cesser de surestimer la conscience » ; « l’inconscient est le psychique lui-même et son essentielle réalité ». L’inconscient prend donc le pas sur la conscience pour expliquer le sujet psychique.
Il y a donc modification du centre du sujet. Freud dit d’ailleurs dans L’introduction à la psychanalyse que le savoir humain a été trois fois décentré :
- quand Copernic montra que la Terre n’était pas le centre de l’univers
- quand Darwin affirma que l’homme ne possédait pas une place privilégié dans l’ordre biologique
- avec le décentrement du sujet vers son inconscient, cœur de la vie psychique. D’où crise. « Ils ne savent pas que j’apporte la peste », dit Freud en arrivant en Europe.

B. REFORMULATION DU COGITO (LACAN)

Cogito cartésien : je pense (donc) je suis. Il y a toute puissance de la conscience, les activités se déroulant dans le champ de la conscience sont susceptibles d’aboutir à des certitudes absolues.

Reformulation du cogtio selon Lacan : là ou je pense, je ne suis pas, là ou je ne pense pas, je suis vraiment. Reprenons cette expression synthétique :
Là ou je pense -> le champ de ma conscience.
Je ne suis pas -> ce n’est pas là que se trouve mon être véritable, mon identité profonde
Là où je ne pense pas -> dans le ça, ou du moins dans tous les endroits où il n’y a pas d’interventions de la conscience et où je ne pense pas qu’il y ait pensé, mes actes manqués, mes rêves, mes troubles comportementaux…
Je suis vraiment -> c’est là que se trouvent les chemins menant vers mon être véritable.

C. DISJONCTION ENTRE LA NOTION DE VERITE ET DE SAVOIR

Vérité -> conformité à la réalité ; savoir -> avoir une connaissance de quelque chose.
Freud cherche une vérité quant aux origines des troubles comportementaux de ses patients ; mais sa recherche se fait selon un processus symptômal, dans les signes qui manifestent des phénomènes inconnus. Il va donc chercher la vérité dans l’ignorance, le non-su, et non dans le savoir, de ses patients, dans les défaillances de leur savoir conscient.

III. CONCLUSION

Si l’on accorde une légitimité et une nécessité à l’hypothèse freudienne, alors
- l’activité du je ne se réduit pas à l’activité conscient ; on accorde une place prépondérante à l’activité de l’inconscient
- le sujet échappe à la conscience et est inconscient, sauf à analyser cette part ignorée de nous.
Si la philosophie reprend la thèse psychanalytique qui affaiblit la notion de conscience, elle l’interprète néanmoins en faveur de la conscience. La psychanalyse est elle-même, en effet, une preuve de la puissance de la conscience, puisque le travail d’analyse relève de la conscience d’une part, et que, d’autre part, tout le travail de Freud est le produit de sa conscience… Ainsi, l’importance accordée à l’inconscient relève de la conscience, qui conserve donc une bonne part de puissance.
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Message  Cécile Lun 29 Nov - 21:31

Voilou pour la fin du cours sur l'Inconscient ça casse pas trois pattes à un canard mais bon c'est fait. Des bisous !!
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