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La Technique : cours explicité

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Message  Cécile Mar 8 Mar - 19:36

LA TECHNIQUE

I.QU’EST-CE-QUE LA TECHNIQUE ?

1) ETYMOLOGIE ET DEFINITION
Technique < tekné : savoir-faire acquis par l’expérience, qui est donc empirique, mais qui pourtant, au sens grec, requiert une certaine habileté qui n’est pas transmissible.
DEF 1 : technique = savoir acquis par expérience, qui consiste en l’application pratique de théories abstraites.

2) DISTINCTIONS ET DOMAINES DE VALIDITE
Technique ≠ art :
- application de procédés fixes ≠ moyens variables et créativité de l’art
- finalité d’utilité de la technique

Technique ≠science :
- technique -> application des savoirs établis / science=faculté de découvrir et d’élaborer des théories explicatives
- finalité pratique / Ø finalité immédiate autre que l’augmentation de la connaissance

Technique ≠ méthode qui est une façon générale de procéder, par ordre (meta odos) :
- technique -> emploi de moyens, procédé, de façon mécanique / méthode = euristique (DEF : art de la recherche et de la découverte notamment dans le domaine de la connaissance)
- technique -> moyens déterminés par but, finalité / méthode -> utilité interne, ne dépend pas d’une fin qui peut même être inconnue (ex : Descartes)

Champs de validité : la technique est omniprésente, secondaire, tertiaire, art, amour, philo…

DEF 2 : ensemble de procédés plus ou moins fixes et déterminés permettant d’obtenir un résultat conçu comme utile
-> technique assigné à une utilité, intérêt externe
-> le but commande le choix des moyens, au moins en théorie

3) QUESTIONS
- du rapport science/technique : y a-t-il réellement indépendance de la science par rapport à la technique, qui n’en serait qu’une application ?
- du rapport art/technique : la technique ne prend-elle parfois pas le pas sur l’art ?
- du rapport moyens/fin : si la technique est au service d’une finalité utile, pourquoi inquiétude actuelle ?

II. LA TECHNIQUE ET LA SCIENCE

1) ANTERIORITE DE LA TECHNIQUE SUR LA SCIENCE
La technique, qui ne nécessite pas de savoirs théoriques mais seulement une capacité d’invention/ d’amélioration de ce qui est déjà, existe depuis le début de l’humanité, lorsque la bipédie a libéré les mains et permis l’élaboration d’outils.
Mythe de Prométhée : son frère Epiméthée ayant distribué tous les dons susceptibles d’assurer leur survie aux animaux, Prométhée ne put rien donner aux hommes, mais il vola pour eux le feu aux dieux (-> consommation de viande + chauffage + crainte des animaux) et leur offrit l’intelligence et la ruse. Par l’intelligence, les hommes sont capables de mobiliser des moyens en vue d’une fin.

2) APPLICATION DES SCIENCES
DEF des sciences :
- découverte des lois de la nature (=rapports constants, nécessaires et universelles entre phénomènes), avec prépondérance des maths
- élaboration à partir de ces lois de grandes théories générales

La découverte de ces rapports avec l’invention des sciences dans l’Antiquité grecque ouvre pour la technique de nouveaux horizons (ex : électricité-< invention de l’ampoule) et lui permet d’accroître sa puissance, les outils deviennent des machines.

3) INTERDEPENDANCE SCIENCE/TECHNIQUE
- technique dépend des progrès scientifiques dont elle est la matérialisation
- science a besoin de tout un appareillage complexe qui résulte de la technique pour progresser

III. POURQUOI TECHNIQUE-> SOURCE D’INQUIETUDE ? QUELLE EST SON ESSENCE ?

A.UNE COURSE A LA PUISSANCE (HEIDEGGER)
Pour Heidegger, comme il l’explicite dans un entretien journalistique « Réponses et Questions » (avec Der Spiegel, en 1966), l’homme s’est laissé entraîné par la technique dans une course à la puissance qui lui a fait perdre de vue les finalités initiales. « Le fonctionnement entraîne toujours un nouveau fonctionnement » : l’efficacité accrue du moyen devient sa propre fin. Cet état de fait qui réside dans l’essence même de la technique, que Heidegger nomme « Ge-stell », et qui est la source de cette perte de contrôle de l’homme, affecte :
- la relation de l’homme à la nature : l’homme est déraciné, de façon violente, par rapport à la Nature (Ø cosmos grec), il a perdu la mesure propre au modèle naturel
- la subjectivité humaine, qui se centre sur une disposition d’intérêt inhérente à la technique
- partant, les rapports humains, au sein d’un modèle économique tout entier dans l’intérêt.

B. DEREGLEMENT D’UNE DISPOSITION NATURELLE -> CRISE DE DISPROPORTION
Bergson, dans Les deux sources de la morale et de la religion, explique que, du fait « d’une intelligence essentiellement fabricatrice » dont l’a doté la nature, l’homme est naturellement porté au développement de la technique, laquelle n’est en fait qu’un « prolongement de son corps ». Par mon énergie, je développe mes capacités, ainsi le télescope affûte ma vision. La technique n’est donc pas en soi à craindre. Mais la découverte d’ « énergies potentielles accumulées pendant des millions d’années » et des machines capables de les mettre à profit est venu transformer l’équation. Le corps bénéfice dès lors d’une « extension si vaste et d’une puissance si formidable » qu’il y a disproportion entre sa propre mesure et ses nouvelles capacités.
Disproportion aussi entre « ce corps démesurément grossi » et l’âme qu’il contient, qui n’est plus en mesure de maîtriser, réguler, diriger une telle masse de puissance. Cet écart engendre de « redoutables problèmes sociaux, politiques, internationaux » ; des inégalités se créent entre les possesseurs de ces énergies nouvelles, ceux qui savent l’utiliser, et les autres.
Face à cette disproportion âme/corps (≈principes/puissance), 2 solutions :
- la réduction du corps, une régression technique (hautement improbable)
- l’accroissement de l’âme, la découverte de « nouvelles réserves d’énergie potentielle, cette fois morale », avec une mystique (=expérience d’une transcendance, sans mécanique)
De fait, Bergson n’accrédite vraiment ni l’un ni l’autre de ces solutions.

IV. QUE PEUT LA PENSEE FACE A CET AVEUGLEMENT ?

A. EN PRENDRE CONSCIENCE ET ETRE PRETE A LA VENUE D’UN EVENEMENT
Pour freiner cette course aveugle à la puissance, Heidegger ne pense pas que la philo soit encore une solution : « la philosophie est à bout », et son dernier rôle est de faire prendre conscience du danger. Il dira : « seul un dieu peut nous sauver », c’est-à-dire une nouvelle figure transcendantale, quelle qu’elle soit, qui puisse contrer la puissance technicienne. L’avènement de cette nouvelle puissance peut être engendré par un événement politique ou artistique, deux domaines qui ne sont pas pris dans la démarche intéressée de la technique.

B. CONCEVOIR DE NOUVEAUX RAPPORTS HUMAINS : LE FEMINISME
Pour Bergson, le développement technicien immodéré est motivé par une recherche du luxe, surtout à des fins de séduction, dans une quête de reconnaissance sociale. C’est donc les rapports humains qu’il est nécessaire de changer, et notamment les rapports amoureux qui sont ceux où se déploient des efforts de séduction maximaux. L’homme, trop pris dans la mécanique, n’est pas à même de concevoir de nouveaux rapports ; mais la femme oui, comme l’ont prouvé les mouvements féministes du XXeme.

CONCLUSION
Cette « crise de croissance » de l’humanité que décrit Bergson rend légitime l’inquiétude associée à la technique. Il faut impérativement apprendre à maîtriser cette nouvelle puissance dont nous bénéficions, et déterminer nos finalités réelles. Cependant, la technique elle-même n’est pas à incriminer ; l’est l’usage que l’on en fait
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