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L'Interprétation : cours explicité

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Message  Cécile Dim 1 Mai - 15:39

L’INTERPRETATION

I.ANALYSE
Définition : Interpréter, c’est dégager la signification de quelque chose (événement, œuvre, comportement…) dont le sens n’est pas manifeste, c’est le rendre explicite.
Objets de l’interprétation : Les produits de la pensée, pour être transmissibles, doivent se matérialiser ; c’est un « processus constant de réification », selon les mots d’Hannah Arendt : « la lettre toujours remplace ce qui naquit de l’esprit ». S’introduisent ainsi :
- Une possible distance temporelle/culturelle
- Une possible équivocité
Qui n’autorisent pas une compréhension immédiate et obligent donc à interpréter pour trouver le sens.
Présupposé (assez évident…) : « Nous n’interprétons pas ce que nous comprenons » (Wittgenstein), si le sens est limpide, l’interprétation n’est pas utile.
Difficultés : L’interprétation est-elle une traduction ? Est-elle susceptible d’une réelle fidélité ? Cette fidélité est-elle d’ailleurs souhaitable, ne peut-il y avoir de liberté de l’interprète qui ajouterait du prix à l’objet interprété ?

II. Y A-T-IL UNE METHODE D’INTERPRETATION ?
Interpréter, ce n’est pas donner un sens spontanément, sans réflexion, auquel cas le risque d’infidélité serait encore plus grand. Pour se rapprocher le plus possible d’une traduction, on peut tenter de déchiffrer le texte, selon des procédés déterminés, mais lesquels ?

1. LA METHODE COMPARATIVE DE SPINOZA
Spinoza (1632-1677) a tenté d’interpréter des textes de l’Ancien Testament ; pour trouver le sens d’une expression, il opère rationnellement en recoupant ses différentes occurrences, ou bien en la recoupant avec d’autres expressions. La véracité de ses conclusions sera pratiquement assurée par le fait que, comme un scientifique qui ne tire ses observations que de la nature, Spinoza n’aura pour données « que ce qui se peut tirer de l’Ecriture elle-même ».
Ex : Spinoza lit : « Dieu est un feu » et « Dieu ne peut être rattaché à quelque chose de visible » ; il en conclut que le feu est une image, et donne à l’expression le sens Dieu est une énergie. Il parvient ainsi à concilier ces deux affirmations ; la fidélité de son interprétation est évaluable précisément en fonction de l’unité qu’il parvient à créer.
Spinoza est à l’origine de l’herméneutique (DEF : discipline de l’interprétation).

2. LA METHODE D’INTERPRETATION DES REVES EN PSYCHANALYSE
Freud a estimé qu’il y avait un sens aux rêves, dont les contenus manifestes cachent (ou révèlent…) un contenu latent, le passage entre les deux s’effectuant selon 2 opérations de déguisement :
- Condensation : fusion et résumé de plusieurs images en une seule
- Déplacement :
o Inversion du principal en secondaire
o Substitution d’une image à une autre
Pour remonter au contenu latent, on va décomposer le rêve, et faire appel à la mémoire du patient pour voir ce que lui évoque chacun des éléments du rêve. Toutefois, ce travail de remémoration est interne et solitaire, il fait appel à une mémoire subjective, faite de souvenirs fondé sur une perception également subjective. On a donc 3 niveaux d’interprétation : interprétation de la scène au moment clé, interprétation de la mémoire lors de la remémoration, interprétation du psychanalyste. Dur…

3. LA METHODE D’INTERPRETATION STATISTIQUE DE LA PSYCHOLOGIE
La psychologie est une science humaine, qui pour revendiquer presqu’un statut de science exacte a souscrit à certaines conditions :
- L’application des méthodes des sciences expérimentales
- La considération des faits humains comme des choses observables (Durkheim, sociologue : « la première règle et la plus fondamentale est de considérer les faits sociaux comme des choses », Les règles de la méthode sociologique)
- Le dégagement de lois statistiques qui commandent les phénomènes humains
Ex : test de Rorschach (de la tâche d’encre) : l’originalité de la réponse du patient par rapport aux réponses plus données va (peut-être) dévoiler une défaillance psychique, c’est le principe de lois statistiques. Ici, 99% des réponses accordent de l’importance à la tâche elle-même, 1% à l’extérieur.

III. QU’EST-CE QUI FAIT LA VERITE D’UNE INTERPRETATION ?
Sera-ce sa fidélité, mais dans ce cas comment l’assurer ? De plus, y a-t-il réellement 1 sens originel ?

A. L’INTERPRETATION PEUT ETRE DELIRANTE
Ex des paranoïaques, qui vont interpréter tout comme étant des atteintes à leur sécurité -> quand la subjectivité prend-elle le pas sur l’objectivité ? Comment poser la limite du réel ?

B. LANGAGE, VERITE, REALITE
Aristote : « Quand donc y a-t-il ou n’y a-t-il pas ce qu’on appelle vrai ou faux ? […] Ce n’est pas parce que nous pensons d’une manière vraie que tu es blanc, que tu es blanc. Mais c’est parce que tu es blanc, qu’en disant que tu l’es, nous disons la vérité. » (Métaphysique)
Traduction : la vérité n’assure pas de la réalité ; la réalité assure de la vérité. Autrement dit, quelque chose de réel est forcément vrai, quelque chose de vrai n’est pas forcément réel. Pour notre problème, on retiendra que la réalité donne la vérité. Si je dis que ce texte signifie A, et si ce texte signifie A, alors je dis la vérité. Une interprétation conforme à la réalité sera véridique. Mais comment s’assurer qu’une interprétation est conforme à la réalité ? 2 difficultés majeures :
- l’interprétation fonctionne avec le langage ordinaire. Or, celui-ci se base sur un symbolisme : les mots ne sont pas les choses elles-mêmes.
- La vérification est complexe lorsqu’il s’agit d’interpréter un texte par exemple
Aussi, la science est avantagée : elle utilise un mathème, et de plus elle peut vérifier dans le réel, par l’expérimentation, l’interprétation qu’elle fait du réel -> elle sera véridique. Mais qu’en est-il pour les autres domaines ?

C. PROBLEME DE L’INTERPRETATION DANS LES DOMAINES AUTRES QUE SCIENTIFIQUE

1) MULTIPLICITE DE SENS=RICHESSE
Problème du fait de l’équivocité du langage, du maniement de la métaphore en poésie ou dans les textes religieux. Selon Mallarmé, hermétiste, on ne peut arrêter un sens ; c’est précisément en faisant résonner tous les sens possibles qu’on parvient à un résultat, en poésie à l’obtention de l’ « absente de tout bouquet ». La richesse des textes provient du fait qu’aucun sens n’est arrêté, et dans ce cas le rôle de l’interprétation n’est pas d’arrêter un sens, mais de révéler la richesse du texte.

2) INTERPRETER ≠EXPLIQUER
L’interprétation est une démarche compréhensive, on veut comprendre un texte, c’est-à-dire en chercher le sens. L’explication ne cherche pas du sens, mais des causes, il identifie le texte dans un rapport de cause à effet. Michel Simon : « La question essentielle [que pose la dualité de l’expliquer et du comprendre] est de savoir si nous cherchons des lois ou du sens. ». Expliquer un énoncé, c’est l’éclairer par un commentaire. Le comprendre, c’est en saisir la signification. De ce fait, on voit que les sciences, stricto sensu, n’interprètent pas le réel ; elles l’expliquent.

3) UNE INTERPRETATION PEUT ETRE CREATRICE
Une interprétation subjective d’une partition par un musicien, d’une tirade par un acteur, créatrice, peut permettre de révéler une nuance du texte, qui était dedans, nécessairement, si tant est que le musicien/acteur suive les indications, mais qui ne paraissaient pas de prime abord. L’interprétation, par sa subjectivité, permet qu’il n’y ait jamais fermeture du sens d’une œuvre, mais toujours enrichissement. A condition bien sûr, qu’on ne soit pas dans le cadre d’une interprétation délirante, c’est-à-dire que ce que le texte a de matériel et factuel soit respecté. Ex : pour l’acteur, c’est bien son texte qu’il récite.
Ex : Les variations Goldberg, de Bach, interprétées très spécialement par Glen Gould.

CONCLUSION
L’interprétation, qui donne du sens à ce qui n’en pas de prime abord, est une opération essentielle de la pensée. Pour autant qu’elle ne soit pas délirante, elle peut être recréatrice de ce qui est, et permet un enrichissement constant de la culture.
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