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L'Existence et le Temps : cours explicité

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Message  Cécile Sam 1 Jan - 22:30

L’EXISTENCE ET LE TEMPS

Les animaux et plus particulièrement les hommes ont la conscience du temps, du fait d’une capacité de mémorisation et aussi d’anticipation. Ils ont de ce fait conscience de l’échéance de la mort, non pas par l’expérience, puisqu’un jeune homme en bonne santé sait qu’il va mourir, mais par une opération mentale.
-> Qu’est-ce-que vivre en sachant que l’on mourra, pour un sujet conscient du temps qui passe ?

I. ANALYSE INTRODUCTIVE

A. QU’EST-CE-QUE LE TEMPS ?

UNE IMAGE
Dans la mythologie grecque, le dieu de temps, Chronos, a pour caractéristique de dévorer ses enfants sitôt leur naissance, créant ainsi la notion d’instant. On perçoit ici le caractère éphémère du temporel, le temps dure mais les instants qui le composent disparaissent.
-> DEF 1 : le temps est le changement perpétuel qui transforme le présent en passé.
De l’irréversibilité
DEF 2 : le temps, sur le modèle de l’espace, peut être conçu comme un milieu indéfini dans lequel les événements se déroulent.
Cependant, contrairement à l’espace, il n’y a pas de retour en arrière dans le système-temps, car le passé ne subsiste pas.

PAS DE TEMPS SANS CONSCIENCE DU TEMPS
Le passé et le futur n’existent plus ou bien pas en soi. Ils sont nécessairement relatifs à une conscience douée d’une capacité de mémorisation et d’anticipation, donc à un sujet.

B. QU’EST-CE-QUE L’EXISTENCE ?

1) EXISTENCE LOGIQUE ET EXISTENCE EMPIRIQUE
Existence logique = conceptuelle, abstraitement déterminée ou déduite par la raison. Elle peut donc, puisque de l’ordre de la théorie et même parfois de l’imagination, être sujette à caution. Par exemple, Descartes avance deux preuves de l’existence logique de Dieu mais l’on n’a pas de preuves, par la perception, de son existence empirique :
- Dieu est conçu comme parfait, or moi qui suis imparfait ne peut seul concevoir un être parfait, c’est donc lui qui m’a mis cette idée dans la tête->il existe
- Dieu est parfait, c’est-à-dire qu’il ne manque de rien, il ne peut donc lui manquer l’existence

Existence empirique (-> relatif à l’expérience sensible, en rapport avec une réalité externe que je perçois par mes sens) = « concrète », nécessite une perception.

2) ESSENCE ≠ EXISTENCE
Différence de définition :
- essence : nature permanente, structure identitaire invariable d’une chose, qui se maintient au travers des changements. Etre renvoie à l’essence, avec une idée de fixité.
- existence< ex sistere : se tenir hors de. Hors d’une facticité qui nous identifie. Exister renvoie à un projet, à une idée de mouvement. « L’existence est le mouvement permanent par lequel l’homme reprend à son compte et assume une certaine situation de fait. » (Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception)

Autre différence : l’essence est nécessaire, car elle ne peut être autrement qu’elle n’est ; l’existence est contingente, car pourrait être autre, et a une réalité plus ou moins durable.

3) LA CONSCIENCE D’UNE DUREE DE L’EXISTENCE LIMITEE PAR LA MORT
La conscience de la mort n’est pas innée, il y a conceptualisation de l’expérience : par analogie, voir les autres mourir autour de moi m’amène à la compréhension d’une nécessité biologie, je suis préprogrammé à la mort. Cette conscience de la mort affecte l’existence, car elle y appose une échéance.

4) UN CERTAIN RAPPORT AU PASSE ET A L’AVENIR
Un seul temps existe réellement, le présent : je me figure seulement le passé et l’avenir par mémorisation ou représentation. Pourtant ces consciences du passé et de l’avenir affectent mon présent :
- un présent douloureux => je me tourne vers le passé, enjolivé => présent plus dur.
-au regard d’un projet, présent= insatisfaisant, dévalué, ne prend que de valeur qu’en tant que phase préparatoire du projet : l’avenir draine le présent.
=> risque que le présent perde de son importance => la conscience du temps affecte l’existence

C. QUESTIONS
 L’existence dépend-elle de la conscience d’un sujet ? En effet, si le temps dépend de la conscience d’un sujet, comment une existence antérieure à toute conscience peut-elle être admise ?
 Qu’est-ce-qu’exister avec conscience d’une durée limitée de l’existence ? Carpe diem ? Nostalgie ? Hâte ?
 Qu’est-ce-que le présent, qui semble être le seul temps réel ?

II. COMMENT ATTESTER DE L’EXISTENCE D’UNE REALITE ANTERIEURE A L’ESPECE HUMAINE ?

A. QUALITES PREMIERES ET QUALITES SECONDES (DESCARTES)
La thèse cartésienne autorise l’existence antérieure au sujet, car elle distingue dans une chose :
- ses qualités premières : sa substance (ex : de la cire), ce qui existe dans la chose sans que j’en sois à l’origine, est absolu et de ne dépend pas de ma perception
- ses qualités secondes : tout ce qui peut changer et dépend du sujet

B. LE CORRELATIONISME : TOUT EST RELATIF AU SUJET
Kant (1724-1804) pose un hic : le sujet ne perçoit que des phénomènes, qui ne relèvent pas du vrai mais pas de l’imaginaire non plus. Le noumène, ou l’en-soi, c’est-à-dire la nature réelle des choses, échappe à la perception et donc à la conscience du sujet. La perception du sujet est en effet affectée par des sortes de filtres, qui sont entre autres le temps et l’espace, et qui déforment la réalité, la présentant à la conscience spatialisée et temporalisée. De ce fait, tout est relatif au sujet, puisque les certitudes absolues nous échappent.

C. LIMITES DU CORRELATIONNISME

1) COMMENT RENDRE COMPTE DE L’ANTERIORITE AU SUJET D’EXISTENCES ATTESTABLES PAR LA SCIENCE ?
Si tout est relatif au sujet, alors il n’y a avait rien lorsqu’il n’y avait pas de sujet. Mais la science prouve le contraire. Des techniques de datation d’origine, la géologie jusque dans les années 30, puis le carbone 14, puis l’application de la loi de thermoluminescence…, ont prouvé l’existence du Big Bang il y a 13,7 milliards d’années, celle de vie terrestre depuis 3 milliards d’années…. D’où faille dans la théorie du corrélationisme.

2) HYPOTHESE : CE QUI EST MATHEMATIQUEMENT PENSABLE PEUT EXISTER DE FAÇON ABSOLUE (MEILLASSOUX)
Selon Meillassoux (1967), on trouve de l’absolu dans ce qui est conçu mathématiquement, à partir d’énoncés abstraits.

III. QU’EST-CE-QUE LE PRESENT ?

A. LE FAUX PRESENT, ENFERME EN LUI-MEME
Un présent immédiat, sans lien avec le passé : « Du passé, faisons table rase » (l’Internationale) : idée d’un commencement absolu, début d’une ère nouvelle.
Ou sans lien avec l’avenir (carpe diem, Horace) : risque d’un temps nerveux, propre aux plaisirs éphémères, à une consommation immédiate, où l’avenir est condamné à la répétition et à la continuation du présent, sans grands projets.

B. OU UN PRESENT TOUT TOURNE VERS PASSE/AVENIR

1) VERS LE PASSE : EX DE LA NOSTALGIE
Nostalgie<nostos : le retour. Le nostalgique veut retourner dans le passé conçu comme meilleur et surévalué par rapport à un présent douloureux, ou bien parce que l’avenir apparaît bouché. Problème : ce retour en arrière n’est pas possible. Hegel, introducteur du temps en philosophie, a montré le lien entre haine du présent et pensée nostalgique, en montrant l’aspect mortifère de celle-ci, car elle survalorise le passé et conséquemment dévalorise le présent, qui est le seul temps véritable.
Concrètement :
- en politique, correspond à une volonté de repli dans une configuration ancienne, engendrant la montée des communautarismes/nationalismes contre l’unité (ex : éclatement de la Yougoslavie)
- en psychanalyse : on parle d’infantilisme, veut revenir à situations connues
- question du devoir de mémoire : danger de l’oubli perpétuel/obsession du passé

2) VERS L’AVENIR, CONÇU COMME RADIEUX
C’est l’idée d’un commencement absolu, qui nécessite une élimination du passé, et qui réduit le présent à une phase préparatoire de l’avenir.
Exemple historique : Saint-Just obtient la guillotine de Louis XVI pour qu’aucun retour en arrière ne soit possible ; la Révolution Française symbolise son initiation d’un nouveau temps avec un nouveau calendrier
Ouvrage philosophique : Le Siècle, d’Alain Badiou, présente le XXème siècle comme « le siècle des projets », qui concrétise les utopies formées au XIXe (ex : réalisation de la théorie marxiste en URSS. Du fait de ces grands projets idéologies, le rapport à la mort est en ce siècle particulier : elle devient le moyen de faire advenir un homme nouveau, la violence est légitimée parce que la mort devient une composante nécessaire à la poursuite d’une cause (sacrifice).
L’existence dans les religions : l’existence conçue religieusement ne constitue qu’un passage, par rapport auquel il faut prendre de la distance pour se préparer, vers la vie éternelle.

IV. QU’EST-CE-QU’ALORS QU’UN PRESENT EXISTANT VERITABLEMENT ?

A. COMMENT NE PAS ANNIHILER LE PRESENT ?

1) CARACTERISER LE PRESENT
Le présent ≠ temps enfermé en lui-même, temps de répétition où pas de projet et pas de souvenir. Le vrai présent est lié au projet comme à la mémoire, deux éléments qui interfèrent parfois de façon conflictuelle. Le présent est donc une conjonction conflictuelle du passé et de l’avenir.

2) LE PRESENT EST DECLARATION (MALLARME)
Dans L’action restreinte, essai datant de l’après Commune de Paris (1871), Mallarmé exprime que « un présent n’existe pas, faute que se déclare la Foule ».Le présent est donc prescriptif, il dépend de la déclaration de l’Homme, qui, au regard de ce qui est, affirme ce qu’il veut qu’il soit. C’est la prise en compte du passé dans une projection vers l’avenir. Le présent nécessite aussi que soit maintenu un « écart » entre le passé et l’avenir : « quand du passé cessa et que tarde un futur ou que les deux se remmêlent perplexement en vue de masquer l’écart. ». Ainsi, le présent est une construction (et non la description d’un état) qui relie le passé à l’avenir par un projet.

3) « SYNTHESE DISJONCTIVE » (DELEUZE)
On peut reprendre ici cette formule de Deleuze pour caractériser le présent : synthèse<synthesis -> rassemblement d’éléments différents ; disjonctives -> qui tendent à se séparer. Il y a une tension, une disjonction naturelle entre passé et avenir, que le présent doit unifier.
Constituer le présent, c’est donc se projeter dans l’avenir sans renier le passé ; mais tout projet est limité, car « omnes una manet nox » (Horace : une même nuit nous attend tous).

B. L’EXISTENCE ET LA MORT

1) NE PAS CRAINDRE LA MORT

PASCAL : LE SALUT ETERNEL
Pour Pascal, l’homme vit dans une véritable angoisse, parce qu’il se pose de multiples questions auxquelles il n’a pas de réponse : « je suis dans une ignorance terrible de toutes choses » : « qui m’a mis au monde, ce qu’est le monde, ce que c’est que mon corps, pourquoi je suis placé plutôt en ce lieu qu’en un autre […] ». « Tout ce que je connais est que je dois bientôt mourir ; mais ce que j’ignore le plus est cette mort même que je ne saurais éviter ». La mort est donc une source d’autant plus importante angoisse qu’elle est inévitable : « Le dernier acte est sanglant, quelque belle que soit la comédie en tout le reste ». Du fait de cette angoisse, l’homme éprouve un besoin de divertissement (< se détourner). Pascal donne aussi une définition de la « condition des hommes » : « un nombre d’hommes dans les chaînes, et tous condamnés à la mort, dont les uns étant chaque jour égorgés à la vue des autres, ceux qui restent voient leur propre condition dans celle de leurs semblables, et […] attendent leur tour »
La véritable solution pour résorber l’angoisse, selon Pascal, réside dans la religion. La vie doit apparaître comme une phase préparatoire à un salut éternel, où il faut apprendre à mourir.

L’EPICURISME : « LA MORT N’EST RIEN »
Pour Epicure, « la mort n’est rien pour nous », et il explique pourquoi dans un raisonnement très logique dans Lettre à Ménécée. Pourquoi craint-on la mort :
- parce qu’elle ferait mal : mais « tout bien et tout mal réside dans la sensation », selon la conception épicurienne, « or, la mort est la privation complète de cette dernière ». Par conséquent la mort n’est pas source de douleur.
- parce que « nous souffrons déjà à l’idée qu’elle arrivera un jour ». Mais, puisqu’Epicure a démontré que la mort elle-même ne serait pas douloureuse, il peut affirmer ; « si une chose ne nous cause aucun trouble par sa présence, l’inquiétude qui est attachée à son attente est sans fondement. »

Epicure va même plus loin : la conscience de la mort fait que l’on profite mieux de la vie. En effet, un fois compris que la mort n’est rien, « nous apprécions mieux les joies que nous offre la vie éphémère, parce que [la mort] n’y ajoute pas une durée illimitée, mais nous ôte au contraire le désir d’immortalité ». Ainsi : on pourrait craindre la mort parce qu’elle est limitation de la vie et donc des plaisirs de celle-ci, mais puisque la mort accentue les plaisirs de la vie, il n’y aucune raison pour qu’on cherche à y échapper et donc recherche l’immortalité.

LE STOICISME : DANGER DU « JUGEMENT » + « EFFET DE LA NATURE »
Dans Manuel, Epictète explique que « ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais les jugements relatifs aux choses », car il y a une part d’imagination dans le jugement. La mort en elle-même n’est qu’une nécessité rationnelle, c’est en fait notre considération de la mort qui nous rend malheureux.
Marc-Aurèle, dans Pensées, va en ce sens : la mort n’est qu’un « effet de la nature », « or il est enfantin de craindre un effet de la nature ». Qui plus est « ce n’est pas seulement un effet de la nature, c’est aussi une chose qui lui est utile » : la mort est nécessaire dans l’écoulement de la vie terrestre. En outre, ce que regrette l’homme dans la mort et a lui fait craindre par anticipation de la perte, ce sont les « choses sensibles », qui en fait sont de peu de valeur, « vulgaires, méprisables, sordides, corruptibles et sans vie ».

2) LA CONSCIENCE DE LA MORT« NOUS LIBERE DE SA PRETENDUE CONTRAINTE » (SARTRE)
Dans L’Etre et le néant, Sartre nie :
-la conception pascalienne : nous ne sommes pas « dans la situation d’un condamné, parmi les condamnés, qui ignore le jour de son exécution mais qui voit exécuter chaque jour ses compagnons de geôle » : nous sommes « un condamné à mort qui se prépare bravement au dernier supplice, […] sur l’échafaud, et qui, entre-temps, est enlevé par une épidémie de grippe espagnole ». Sartre dit : l’homme n’est pas passif + la mort peut survenir à toute heure.
- la conception religieuse -> « le sens de notre vie devient l’attente de la mort », vie=passage.

Pour Sartre, mort= « fait contingent, […] pur fait. ». Il la sépare de la finitude ; le mort n’est une limite que par rapport au projet d’exister. Elle est en ce sens secondaire, et ainsi « en se découvrant à nous comme elle est, nous libère de sa prétendue contrainte ». C’est une donné objective, un malus que je prends en compte dans mon projet, qui fait partie du « coefficient d’adversité » auquel je suis confronté, mais rien de plus. C’est pourquoi il y a un « caractère absurde de la mort » : la mort n’a pas de sens intrinsèque, mon projet la dote d’un sens en tant qu’obstacle. Ainsi la conscience de la mort me libère de sa contrainte parce que je l’inclus dans mon projet.

Notes sur l’existentialisme : courant philosophique des années 50,60, se fonde sur l’idée que l’existence est faite pour s’inventer avec un projet et des choix actifs. Nie l’idée d’une prédestination quelconque, ainsi que l’inconscient freudien. La condition humaine est constituée de toutes les nécessités que je ne choisis pas : naître, vivre avec les autres, avoir à travailler, mourir.

CONCLUSION
Initier un rapport heureux à l’existence est l’un des challenges de la philosophie actuelle, grâce à son attitude contemplative, son intrinsèque atemporalité, car philosopher c’est en un sens nier le temps tel qu’il est conçu actuellement, temps hâtif d’une consommation nerveuse.
Cécile
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Message  Pauline Mar 11 Jan - 20:58

Tu nous éclaires.
Pauline
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